Le CR de la reunion de BPR du 2 mai est en cours de validation après des participants. Il sera publié dès que les corrections et ajouts auront été validés. Vous trouverez ci-dessous notre analyse à ce jour après tout ce qui c’est passé depuis le 12 Mars.
Résumé
Risques non-négligeables du passage en Partenariat:
- Pertes de professeurs compétents et expérimentés. L’homologation dépendra de nos pratiques pédagogiques et n’est pas garantie.
- Risques financiers importants liés aux coûts de transition, à la perte du soutien contractuel de l’AEFE et aux incertitudes liées aux coûts de l’excellence prônée.
- Risques diplomatiques à moyen long terme avec le lycée agissant dorénavant en tant qu’entité privée dans ses négociations et risque sur la réputation du Lycée.
Bénéfices non-prouvés:
- Compétences du proviseur pour diriger filières française et internationale, dans le respect des règles de l’homologation (FF) et de l’accréditation (FI), recruté par le conseil d’administration ne disposant d’aucune qualification en la matière.
- Transition à iso-coût et absence d’analyse d’impact du changement sur les frais de scolarité au-delà de 2020.
- Flexibilité accrue du projet pédagogique : concertation limitée des parents par les règles de l’homologation et de l’accréditation dans le contexte complexe du LFI HK (4 sites, 2 filières, plusieurs sections en FF).
- L’homogénéisation des contrats proposée pour régler les tensions au sein du corps enseignant ne règlera pas les problèmes de relation humaine qui existent dans toute entreprise. (cf. lettre des 75 professeurs).
Méthode critiquable du conseil d’administration:
- Intention initiale du conseil d’administration de passer en force une décision unilatérale en février. C’est seulement sous la pression de la pétition menée par des parents que le conseil d’administration a décidé de soumettre cette décision au vote des parents en AG le 23 mai.
- Sans parler de légalité, légitimité de la consultation électronique du 13-15 mai qui court-circuite le débat à l’AG le 23 mai.
- Refus de débattre en forum et opacité sur les coûts liés à la campagne pro-partenariat.
Synthèse:
Le Conseil d’Administration du Lycée Français International Victor Segalen a recommandé le 4 avril 2019 de changer la relation avec l’AEFE, de quitter le système de conventionnement établi depuis 1991 et de passer à un système de partenariat (cad une privatisation complète du LFI). Suite au Webinar organisé par le conseil d’administration le 30 avril et à la réunion de BPR le 2 mai organisée par le groupe LFI action, voici notre position à ce jour: Notre objectif reste d’informer les parents de façon à ce qu’ils fassent un choix éclairé par eux-même. La situation actuelle et notre analyse des documents communiqués par le Conseil d’Administration nous obligent à souligner les points suivants:
Les risques sont élevés:
- Pas de vision stratégique énoncée par le conseil d’administration. Sans vision stratégique, il n’y pas de projet d’établissement – donc pas de feuille de route pédagogique – possible pour le lycée, ni de moyen d’évaluer la performance du Chef d’Établissement et de son équipe. La transition vers le partenariat mobiliserait une grosse partie des ressources sur les 15 mois à venir, retardant d’autant la clarification de la ligne stratégique.
- Un seul retour d’expérience de véritable deconventionnement dans le réseau AEFE (i). Le dé-conventionnement d’un établissement de la taille et du profil du LFI, scolarisant une majorité d’enfants français n’a jamais été réalisé.
- Un retour en arrière impossible en cas de passage en partenariat. les moyens mis à disposition du LFI sous convention seront redistribués au sein de l’AEFE voire supprimés (ii).
- Des départs probables d’enseignants qualifiés au cours de l’année scolaire 2020-2021, parfois pour des raisons techniques (iii). Et compte tenu de la part des enseignants résidents dans les classes à examen (70%) , la préparation des élèves au nouveau Baccalauréat 2021 sera affectée.
- Un projet de changement de statut qui donne tout pouvoir au Conseil d’Administration sans garantie d’indépendance de la pédagogie, ouvrant la porte aux abus de pouvoir, au clientélisme et au micro management déjà dénoncés par le personnel via le sondage IPSOS .
- Un risque de perte d’homologation à moyen ou long terme.(a) Si les critères sont identiques quel que soit le statut des établissements, les liens plus distendus entre AEFE / MEN et l’établissement rendent plus difficile le respect des critères d’homologation (parcours du proviseur, ratio de professeurs de l éducation nationale, conformité aux programmes, proportion des effectifs d’élèves français). (b) Risque lié également au non respect des règles de gouvernance (Conseil Victor Segalen que le conseil d’administration souhaiterait soumettre à son contrôle).
- Des risques financiers élevés (absence de communication d’un plan financier, évaluation partielle des coûts de transition de 8,7 Millions de HKD, interventions de cabinets de consulting). Des sommes conséquentes dont l’école ne bénéficie pas ont déjà été engagées pour la campagne (consulting, webinars).
- Un levier diplomatique moindre auprès des autorités locales, le lycée agissant dorénavant en tant qu’entité privée dans ses négociations. Le Président du conseil d’administration étant le seul interlocuteur des autorités locales.
Les bénéfices ne sont pas démontrés pour l’établissement et ses élèves :
- Plus grande écoute des attentes spécifiques des parents en matière de pédagogie. Les parents insatisfaits n’ont aucune garantie que la future direction pédagogique sera favorable à leurs attentes. De nombreux choix pédagogiques relèvent de la décision du conseil d’établissement et non de l’AEFE ou du Ministère de l’Education Nationale (MEN). Ils sont donc indépendants du statut partenariat / convention. Cela est notamment vrai pour la mise en place ou la suppression de groupes de niveaux dans l’apprentissage des langues et l’évaluation par compétences (iv).
- Qualité du recrutement, de la définition de la mission et de l’évaluation du Proviseur pour un coût maîtrisé
- Homogénéisation des critères d’évaluation des enseignants n’est pas démontrée, même si tous auront des contrat locaux. De plus d’autres tensions apparaîtront entre ceux qui auront obtenu un détachement et ceux qui ne l’auront pas eu.
- Aucun bénéfices financiers pour les membres du LFI. Nous continuerons au mieu sur la même tendance de hausse des frais.
Les méthodes employées par le Conseil d’Administration pour mettre en œuvre son projet sont critiquables:
- La décision devait à l’origine être entérinée par un vote du Conseil d’Administration, sans consultation des parents.
- Refus de débat contradictoire, malgré nos multiples demandes émises depuis le mois de mars et notre invitation à la réunion du 2 mai dernier.
- Absence de consultation de l’ensemble des parents, et communication unilatérale auprès des parents délégués et représentants, sans possibilité de débattre (“workshops” et “consultations” qui n’en portent que le nom)
- Une analyse partiale de la situation fondée sur un sondage Ipsos à taux de participation faible et dont la finalité n’était pas déclarée clairement aux participants (caractère représentatif contestable).
- Absence d’analyse objective forces/faiblesses/risques/opportunités des deux options.
- Une analyse financière sommaire, insuffisante pour accepter ou réfuter les hypothèses utilisées.
- Absence de communication à ce jour auprès de l’ensemble des enseignants et personnels leur présentant les 2 alternatives envisageables et l’analyse de chacune.
- Propagation de contre-vérités, notamment sur les tensions entre enseignants liés aux différences de statut. La parole n’a jamais été donnée aux parents satisfaits du LFI désirant une amélioration dans le cadre actuel plutôt qu’une refonte en profondeur du lycée qui affecte les enfants.
- Changement régulier et ad-hoc du calendrier et des modalités de consultation et de vote.
- Refus de communiquer une partie des informations demandées, dont les décisions de réunions du conseil d’administration et les coûts de consulting et de campagnes engagés pour convaincre les parents.
- Information asymétrique et clivante: exemple de la communication spécifique à la section internationale du 10 avril dénigrant les fonctionnaires Français divise le lycée en antagonisant les deux sections.
CONCLUSION : Le passage au partenariat nous exposent à des risques importants pour des bénéfices incertains alors que la nouvelle convention s’inscrit dans la continuité et propose une meilleure réponse aux enjeux qui attendent le LFI :
- La nouvelle convention garantit l’indépendance de la pédagogie, tout en satisfaisant l’essentiel des recommandations du conseil d’administration : plus grande flexibilité pédagogique, alignement de la fiche de poste du chef d’établissement, de sa feuille de route et de la mesure de ses objectifs toutes décidées en concertation avec le Conseil d’Administration. Cela sans exposer les élèves aux risques opérationnels d’une transformation jamais vécue par un établissement de notre taille.
- Elle n’engendre pas de hausse des frais de scolarité. Les réserves constituées suite à la hausse de 8% des frais de scolarité sur 3 années consécutives en vue du développement des campus, doivent être préservées plutôt que ponctionnées pour des dépenses exceptionnelles liées à la transition vers le partenariat (HKD 8.7 Millions).
- La priorité doit aller à une définition plus largement consensuelle de la stratégie de l’école, à un dialogue accrue entre ses acteurs et à une refonte de la gouvernance qui permettra d’aborder le futur de façon sereine et concertée.
Notes:
(i) Calgary, moins de 400 élèves. Celui du CBFL (700 élèves – homologué jusqu’au collège uniquement)
(ii) Cf. compte-rendu de la réunion du 2 mai.
(iii) S’il y a une transition en partenariat, les professeurs résidents n’ont que 2 options :
(a) Passer en contrat local après s’être mis en disponibilité de l’éducation nationale, ce qui n’est automatique que pour suivi de conjoint.
(b) Réintégrer leur académie d’origine et demander un détachement direct, de plus en plus difficile à obtenir à cause du manque de professeurs en France.
(iv) https://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=97270
Une fois encore, répétons qu’il n’y a pas de tensions entre enseignants dues à leurs statuts, et lorsque le board dit vouloir y remédier, il ne s’agit que d’un prétexte pour donner un “argument” pour le partenariat. Une fois encore, répétons que l’existence de ces deux statuts permet une diversité des enseignants, c’est-à-dire une diversité des profils, des personnalités et des parcours. Cette diversité est une richesse pour le lycée et bénéfique pour les élèves qui n’ont pas à faire à un profil d’enseignant “normalisé”. Enfin, les résidents ne sont pas directement placés sous la direction du board, ce qui permet l’existence d’échanges contradictoires qui n’existent pas en partenariat. Rappelons aussi que tous les plus grands lycées fonctionnent ainsi.
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